La contribution de Dalí a été un bel échec. Bien que le vent de la chance ait récemment tourné. Avant de révéler comment, il convient de faire deux précisions. La première est une objection à l’idée derrière ce projet audacieux d’Alessi, et peut être retracée jusqu’à ce que Walter Benjamin a exposé dans l’essai « L’œuvre d’art à l’ère de sa reproductibilité technique » écrit et révisé entre 1935 et 1939. Partant d’une conception d’une œuvre d’art confinée aux cercles cultes, l’auteur allemand nous dit qu’à partir du moment où elle est reproduite en série grâce à de nouvelles techniques, et avec une possibilité généralisée d’en profiter, son « aura » disparaît, c’est-à-dire cette sensation mystique et irremplaçable qui est générée entre l’observateur et l’œuvre. Une relation privilégiée basée sur les concepts d’authenticité de l’œuvre et d’unicité de sa création, qui définissent également sa réalisation. Alors, comment pouvons-nous identifier les œuvres d’Alessi d’après qui ont une production illimitée et peuvent être achetées par n’importe qui ? Une diffusion de l’art certes plus démocratique, mais aussi encline à être matérialiste et moins contemplative.

Le deuxième aspect concerne la figure de l’auteur examinée. L’imagination et le caractère particulier de Salvador Dalí l’ont amené à être l’un des artistes les plus influents et les plus controversés du XXe siècle. Souvent en contraste avec ses collègues surréalistes, Dalí a toujours mis l’accent sur sa passion pour la richesse, acquise tout au long de sa vie en vendant chaque expression de son génie. Il n’est donc pas étonnant que son travail vise souvent à l’enrichir. Peintre, scénographe, photographe, styliste, sculpteur et aussi designer, lorsqu’en 1973 Alessi lui commande une œuvre pour la collection Alessi d’après, Dalí accepte avec plaisir.